dimanche 12 juin 2011

Que faire un dimanche : s'intéresser sérieusement à la disco hollandaise.



La musique n'est pas forcément ce qu'on associe le plus à l'autre pays du fromage et pourtant, la Hollande apporta dans les années 70 sa part conséquente à l'édifice scintillant qui s'écroulera quelques années plus tard et qu'on écrivait de 5 lettres d'or : le D.I.S.C.O.

Le dimanche étant généralement une journée un peu vide de sens à moins d'être croyant et anticipant sur le fait que vos amis ne seront pas du tout prêts à vous croire lorsque vous affirmerez que les Pays-Bas s'y connaissaient pour faire bouger les dancefloors, voici quelques rudiments et repères afin d'éblouir vos connaissances et regarder d'un autre oeil ce pays tranquille, surnommé par certains "The Netherlands 4 points, les Pays Bas, 4 points".

1. La référence.


Vous avez pu la découvrir ici même ce matin, Vanessa, alias Connie Breukhoven, est l'incarnation absolue de ce qu'est la disco hollandaise : raffinée, de qualité et surtout terriblement endurante. Enregistré en 1982 alors qu'elle vit aux Etats-Unis avec son mari, son single "Upside down" va rester 11 semaines dans les charts et culminer à la deuxième position, ce qui pousse évidemment à poursuivre une aventure discographique commencée comme une blague, Connie étant surtout à l'origine, et c'est une surprise, mannequin de charme.

Entre 82 et 2010, elle va enregistrer 6 albums, classant une quinzaine de titres dans les hit-parades dont "Dynamite", sa deuxième plus grosse vente, une délicieuse ritournelle soft porn.


Contrairement à beaucoup de ses consoeurs, Vanessa-Connie, aujourd'hui Conny pour de mystérieuses raisons n'a jamais quitté le devant de la scène grâce à une succession de mésaventures et de coup d'éclats parfois attendus, parfois surprenants : divorces, décès de proches, adoptions (elle en est à 5), chirurgie esthétique, série de photos pour Penthouse, causes humanitaires et engagement politique et dernièrement, ligne et clinique de produits de beauté.

Très Lova Moore/Olivia Newton John en début de carrière, elle oscille aujourd'hui entre Ivana Trump et Patsy Stone et est devenue une icone gay ce qui ne surprendra personne.


2. Les survivantes.


Crée en 1976, le trio Luv était supposé devenir l'alternative hollandaise au groupe germanique Silver Convention dont le monde entier jalousait en 1975 le désormais classique "Fly Robin Fly", à l'origine intitulé "Run Rabbit Run". Oui, vous avez dansé sur "Vole, rouge-gorge, vole" quand vous auriez pu bouger sur "Cours lapin cours".

L'idée était simple : prendre trois jolies choristes, leur faire chanter un refrain inepte mais entêtant. Ce sera, pour Luv, en 1978, "Trojan Horse", vendu à 1 million d'exemplaires, grâce, sans doute, à la participation de cornemuses et l'une des plus belles chorégraphies de mains jamais vues.



En tout, Luv enregistrera une quinzaine de singles mais en sachant se diversifier : versions en espagnol pour l'Amérique du Sud, sujets locaux : "Casanova" sera un succès en Italie, "Anna-Maria" au Mexique. C'est bien simple, en 1979, le groupe est le plus gros exportateur de disques des Pays-Bas. Mais en 1981 c'est le drame : Luv se sépare, pour mieux se reformer en 1988, se séparer à nouveau en 89, se retrouver en 93, tirer un trait définitif en 96 pour revenir en force en 2006 et enfin décider de rester uni pour toujours : Luv est à ce jour le seul groupe disco des années 70 toujours en activité dans sa formation initiale. Respect.


3. La repentie.


Lorsqu'en 1980, la britannique Debbie Jenner qui est le visage du groupe Lipps Inc et chante en playback "Funky Town" enregistré par une autre est contactée par les producteurs de Luv qui veulent la produire, elle y voit la chance de sa vie. Enfin c'est elle qu'on va entendre, d'ailleurs elle sera la star ou rien d'autre. Ainsi naît la formation Doris D. and the Pins : Debbie est effectivement devant et pour occuper l'arrière plan, on lui adjoint 5 danseuses qui ne chanteront pas une seule note sur leur tube immortel, "Shine Up".


Evidemment, "Shine up" ressemble un peu à "Funky town", Doris-Debbie n'a pas vraiment la même voix mais pourquoi gâter son plaisir : le disque sera numéro un et provoquera une épidémie de luxation de hanche bien compréhensible aux Pays-Bas. La suite est très Diana Ross vs the Supremes : les Pins veulent être plus dans la lumière, elles quittent donc Doris-Debbie et forment le quatuor Risqué alors que les producteurs engagent, dans l'indifférence générale du public, 4 nouvelles pins, qui vont aligner les hits jusqu'en 1985, année où Doris arrête tout.

Doris-Debbie va-t-elle sombrer dans l'oubli ? Que nenni ! Un temps chorégraphe, elle se reconvertit dans l'aérobic, lance des cours et des cassettes de remises en forme, passe des diplômes aux USA, se forme auprès de Jane Fonda. Elle est aujourd'hui responsable de la Pilates Company, inutile donc de préciser qu'elle est toujours très tonique.


Vous pensiez donc que la Hollandaise se résumait à une étrange coiffe proche du tricorne, qu'elle souriait toujours les bras chargés de tulipes sur fond de moulin. Vous n'aviez pas tort. Mais il se trouve qu'elle a également su enfiler un juste au corps et danser jusqu'au bout de la nuit. La Hollandaise a été disco. La Hollandaise a été suave. Très suave.

4 commentaires:

Jérôme (moins anonyme) a dit…

Mais pourquoi au passé? La Hollandaise continue d'être très suave.

soyons-suave a dit…

Certes Jérôme mais elle est nettement moins suavement disco...

Olivier a dit…

Voilà un article bien documenté et superbement illustré. Moi qui croyais que le sujet ne méritait pas d'en faire tout un fromage ! J'en étais resté au célèbre single "Hammer". L'air d'Hammer me trotte dans la tête.
Lundi pluvieux, lundi heureux
Olivier

Anonyme a dit…

Merci pour cette photo d'Arturo Brachetti dans le champ de tulipes, inédite pour moi. ;o)

Bruno